jeudi, mai 04, 2006

Quelle future culture catholique?

Deux articles récemment concernant la culture catholique moderne: Renaud (culture: sommes-nous nés quelque part ?) et le conservateur (le Catholicisme français en mal d'intelligence).

Renaud se demande quelle culture allons-nous transmettre à nos enfants, tandis que le conservateur se plaint qu'en France on passe à côté des publications majeures consacrées au Catholicisme et à destination du grand public, ce qui serait, selon lui, signe de timidité maladive des catholiques français, mais aussi un signe de la pauvreté du débat intellectuel en France.

Je dois bien admettre que je sur ce point là je suis d'accord avec le conservateur: le débat en France n'est plus un débat, mais simplement un concours d'invectives: du raciste-fasciste-salaud au nazislamiste en passant par la gauche-caviar, il n'y a guère de place pour la discussion.

Et oui, ironie de l'histoire, dans le pays qui se glorifie d'avoir eu un siècle des "Lumières", posant les fondements de la démocratie moderne, le débat n'est plus possible.

Il est bloqué par des maîtres censeurs, pour reprendre l'expression d'Elisabeth Levy. Un exemple flagrant est le débat, complètement paralysé, sur l'Islam en France: invectives et dénégations! Pour les uns, l'Islam est le mal absolu, pour d'autres il est intouchable, il est impossible de le critiquer (je reviendrai peut-être un jour sur tout le cirque entourant l'Islam en France, mais ce n'est pas le sujet ici).

Evidemment, cette paralysie de la pensée se retrouve aussi chez les catholiques: pour certains, être catholique fidèle à Rome est presque devenu une maladie honteuse. Une mauvaise compréhension - jamais remise en cause - du Concile, des années propagande communiste, puis "humaniste", de pression médiatique ont rendu ténu le lien avec le Saint-Siège, qui ne serait pas dans le coup (sic), serait complice de la Shoah, par son supposé silence, serait responsable de l'épidémie de Sida en Afrique, etc.

De là découle que de nombreux catholiques, voulant être fidèles à Rome, vivent dans une certaine culpabilité: il n'osent plus s'affirmer comme tels, de peur d'avoir à répondre à des chefs d'accusation horribles, puis de devoir s'expliquer pendant des heures, ou tout simplement parce qu'ils n'ont pas la connaissance nécessaire pour répondre aux nouveaux inquisiteurs. La Nouvelle Evangélisation s'en trouve bien sûr paralysée.

Nous baignons dans un monde de tolérance, sauf pour les catholiques.

La tolérance, c'est quoi? Si je prend le Robert, je peux lire:
Attitude qui consiste à admettre chez autrui une manière de penser ou d'agir différente de celle qu'on adopte soi-même; le fait de respecter la liberté d'autrui en matière d'opinions. La tolérance religieuse, politique.

Ainsi, je crois fermement que la Foi catholique est la Vraie Foi, et je n'ai aucun problème a avoir un ami converti à l'Islam, inspiré par le salafisme, qui puisse croire que son Islam soit la vraie religion.

Mais aujourd'hui, quand on parle de tolérance, on parle en fait de relativisme: toutes les religions se valent, et que personne n'essaye de dire que sa religion est la vraie, car sinon gare à l'insulte (fanatique, intolérant, etc) et à la diabolisation.

Tout ceci va à l'encontre de la recherche de la vérité, et à l'encontre des vertus théologales: la foi est noyée dans la confusion des différentes religions et ne peut plus s'exprimer, la charité doit s'effacer devant la pseudo-tolérance, et enfin l'espérance se réduit à espérer la victoire pour son club de foot, avoir assez d'argent pour partir sous les cocotiers ou encore avoir droit à une bonne retraite.

Alors, quelle culture allons-nous transmettre à nos enfants?

Je propose quelques pistes.

La culture, c'est nous qui la faisons: par notre langage, par notre comportement, nos attitudes et nos engagements. Et pour les plus artistes, par ce qui est produit dans la littérature, la musique, la peinture etc.

Il me semble qu'il nous faut faire disparaître ces culpabilités auxquelles on essaie de nous réduire. Nous ne pouvons pas laisser derrière nous une culture chrétienne remplie de culpabilité pour des faits qui ont eu lieu - si tant est qu'ils se soient produits comme on nous le rabâche - il y a plusieurs centaines d'années et dont aucun d'entre nous ne peut être tenu pour responsable. La recherche et la diffusion de la vérité historique peut nous y aider grandement (cf l'affaire Galilée, par exemple).

Il nous faut aussi retrouver et répandre une culture où la foi est vivante, concrète, joyeuse et aimante. Trop souvent notre religion est devenue trop intellectuelle et déssechée. Cela satisfait sans-doute quelques-uns, mais beaucoup quittent l'Eglise et sombrent dans l'agnosticisme, l'athéïsme, ou vont s'engouffrer dans des religions qui soient plus "vivantes", le catholicisme ne pouvant plus toucher leur coeur. Il y a là un appel auquel il nous faut répondre, en mettant en avant les différentes spiritualités existantes: montfortaine, comme je le fais ici, franciscaine, carmélite etc.

Une culture où la foi s'exprime aussi: notre bouche n'a pas à censurer des expressions telles que "Dieu soit loué", par exemple.

Une culture où la foi est missionnaire, qui n'a pas peur de la contradiction et de s'opposer au laïcisme, à l'athéisme, au relativisme, aux autres religions.

Une culture où l'on reconnaît que c'est une grande grâce et un grand privilège d'être chrétien, de faire partie de l'Eglise, qui est le corps mystique du Christ, qui en est le chef. Ainsi, soyons fiers et heureux d'être au Christ et à son Eglise.

Une culture qui se souvient que ce sont surtout les catholiques qui ont construit la France, ses villes, ses églises, qui ont déboisé, mis en culture, asséché les marais, soigné les malades, qui ont versé leurs sang pour défendre le pays.

Une culture qui s'exprime dans les oeuvres artistiques: littérature, musique etc. Tolkien, avec son "Seigneur des Anneaux", nous montre l'exemple à suivre.

Une culture de vie, d'amour, qui défend la vie de sa conception à la mort naturelle. Tout l'opposé de la culture de mort!

Enfin, il ne s'agit pas d'avoir une culture de camp des saints, pour reprendre l'expression de Renaud, mais une culture de sel de la terre, c'est à dire une culture d'évangélisation, vivante au milieu du monde, mais sans compromission avec lui.

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