L'utilisation du mot phobie ("peur") comme suffixe pour désigner un sentiment, une attitude, voire un comportement contraire à une société civilisée est de plus en plus courant: il y a eut
xénophobie, qui désigne le sentiment regrettable de rejet de l'étranger parce qu'étranger. Depuis sont apparus
islamophobie et
homophobie, deux mots dont il est difficile de mesurer l'étendue, car ils permettent de qualifier des actes répréhensibles à l'encontre de musulmans ou d'homosexuels parce que la victime est respectivement musulmane ou homosexuelle, et dans ce cas l'utilisation est justifiée, mais ils permettent aussi de disqualifier toute critique, fondée ou non, envers l'islam ou l'homosexualité. Il y a là un problème : une critique fondée est bonne et participe à l'amélioration des choses, alors qu'une critique infondée devrait disparaître devant la véracité des arguments qui lui sont opposés.
Le blocage de toute critique conduit au relativisme, puisque plus rien n'est criticable, il n'est plus possible de montrer les erreurs des uns et des autres, et ensuite au communautarisme, puisque tout est supposé valable.
Un tel cas de figure réduit considérablement la devise républicaine : la
liberté de l'individu s'en trouve amoindrie, car la "communauté" s'érige comme un échelon de contrôle supplémentaire de l'individu : ainsi tel intellectuel homosexuel se retrouve rejeté par "sa" communauté car il ose critiquer certaines erreurs tragiques face au SIDA dans ses ouvrages. L'
égalité devant la loi est réduite à néant car les différentes communautés fonctionnent différement. Enfin la
fraternité n'existe plus non plus, la communauté devient ce qui relie les individus entre eux, et non plus la nation dans son ensemble.
On peut se demander quelle est les raisons non plus de la faiblesse mais de la
démission du politique devant tout cela. Une des raison vient rapidement à l'esprit : le marketing électoral. En effet, il est plus facile de flatter un groupe d'individus afin de se l'acheter, que de construire une vraie politique basée sur une vision : ainsi le financement des mosquées par l'argent publique, ou les promesses de mariage et d'adoption pour les homosexuels, tout cela enrobé de mots creux comme "tolérance", "progrès" etc.
Considérant tout cela, on peut se demander si l'utilisation du mot
cathophobie, comme ce blog le fait, est une bonne idée ou non. Cependant, il recouvre une réalité, un malaise que vivent les catholiques et qu'il conviendrait d'illustrer afin de ne pas croire qu'il s'agit d'un pas de plus dans le communautarisme.
Par exemple, entendons-nous souvent des politiques condamner les actes de dégradations d'église ? Pas vraiment. Il y a eu la Duchère ces derniers jours, où les choses ont enfin
bougé. Mais avant ? Qui a condamné la
destruction totale de l'église Ste Bernadette en 2001 à Limoges ? Il suffit de voir les réactions lorsqu'un lieu de culte non catholique est dégradé pour ressentir un malaise dû à la différence de traitement.
A cela s'ajoute la tentative de "dépoussiérage" de la loi de 1905. Il était interdit de financer des lieux de culte avec l'argent publique, an nom de la laïcité. Cette loi ne paraît pas démocratique puisqu'à l'époque où elle fut décidée, la très grande majorité de la population du pays était catholique. Les catholiques ont dû s'en accomoder, et aujourd'hui certains veulent la changer pour permettre à l'islam de s'installer. La différence de traitement est manifeste : on veut autoriser pour les uns ce que l'on a interdit aux autres pendant 101 ans. Malaise.
Nous avons eu droit au film Indigènes qui veut apprendre aux Français la dette qu'ils ont envers 300 000 soldats des colonies venus libérer la France. C'est très bien, car il faut rendre justice à leur décision, à leur courage et à leur sacrifice (et j'espère qu'à l'avenir la France rendra hommage aux harkis, dont le drame est continuellement passé sous silence). Mais personne ne met en évidence que parmi les 1,4 millions de jeunes hommes morts lors de la première guerre mondiale, la très grande majorité était encore une fois catholique. Non, 90 ans plus tard on enlève même
la croix (!) du monument aux mort de la Der des der dans un petite village, au nom de la laïcité.
Si on parle de l'Eglise ou des catholiques pendant la guerre, c'est de la seconde dont il s'agit, c'est pour faire un procès d'intention sur un supposé silence de Pie XII et de là, la complicité tacite de l'Eglise. On nage en plein délire. S'il y a un dignitaire religieux qui s'est illustré pendant la guerre par sa collaboration active avec le nazisme, c'est bien l'ex-Grand Mufti de Jérusalem,
Hajj Amin Al-Husseini (en anglais
ici), qui recrutait des bosniaques musulmans pour la Waffen-SS bosniaque
Handschar (la page n'existe pas en français, désolé), et oncle de
Yasser Arafat. En recrutant des SS, Al-Husseini allait contre l'interdiction faite par les autorité religieuses musulmanes locales de collaborer avec les nazis. Pourquoi nos contemporains ignorent-ils tout cela ?
Pour terminer, trois évènements récents illustrent encore cette cathophobie : une
manifestation contre l'installation d'une statue en l'honneur de Jean-Paul II avec l'argent publique. Là encore le problème est patent : il y a manifestation au nom de la laïcité contre une statue d'un homme d'état, car il était le chef des catholiques, mais nos défenseurs de laïcité ne se déplacent pas lorsqu'un lieu de culte d'une autre religion se construit avec l'argent du contribuable. Et la cour de cassation vient de casser un jugement qui reconnaissait qu'une publicité parodiant la Cène de Léonard de Vinci constituait une offense envers la foi catholique. On lira avec profit l'
article de Patrice de Plunkett. Et il y a eu l'affaire de la
Nuit Blanche dans la chapelle royale de Versailles, qui s'est heureusement bien terminée. Malaise, trois fois malaise.
On peut le voir, la cathophobie est une réalité dans notre pays. Et je ne décris le dénigrement médiatique continuel auquel nous avons droit.
Alors que faire ? Evangéliser, à temps et à contretemps, du simple citoyen au chef d'entreprise, au journaliste, au juge et juge et au chef politique. Montrer les
racines pourries de la cathophobie. Et changer la
culture.