jeudi, juin 08, 2006

Les pharisiens sont-ils partis ?

Un triste article du Figaro sur la situation de l'Eglise en Europe (L'inexorable érosion de l'Europe catholique), suivi d'une interview du père Thierry-Dominique Humbrecht (ici).

Cela me donne l'occasion d'écrire à propos d'une opinion que j'ai déjà entendu sur la situation de l'Eglise.

Face à la baisse de la pratique, j'ai déjà entendu plusieurs personnes prétendre que c'est une bonne chose (!), car avec le Concile les catholiques "sociologiques", ceux qui allaient à la messe par habitude, ont quitté le navire. Comprenons en clair: "les pharisiens sont partis".

Je n'aime pas cette réflexion. En dehors du fait qu'elle laisse supposé de l'orgueil chez l'interlocuteur ("Je suis toujours là, je suis un élu, moi"), elle traduit un manque d'amour envers Dieu et un manque de charité à l'égard du prochain. Et puis, qui sommes-nous pour juger de la foi du prochain ?

Prétendre que la situation actuelle est satisfaisante est un encouragement incroyable à la non-mission. Si nous prétendons aimer Dieu, pouvons-nous nous satisfaire qu'il soit ignoré par nos proches ? Par nos contemporains ? Dieu ne nous demande cependant que d'annoncer l'Evangile, aussi on peut préciser la question: si nous aimons Dieu, pouvons-nous nous satisfaire de ne pas annoncer l'Evangile, par notre vie et nos paroles ?

Comme chrétien, nous sommes appelés à aimer notre prochain. Cela veut-dire vouloir son bien, et le bien le plus grand est qu'il soit sauvé. Et pour cela, le mieux est encore qu'il aille à l'église, vive les sacrements et qu'il suive l'Evangile. On ne peut donc se satisfaire de savoir qu'à une époque de nombreux baptisés se soient sentis perdus dans leur Eglise et qu'ils la quittent, ou plus simplement qu'ils la laissent tomber (c'est ce que veut dire le terme "catholique non-pratiquant").

Le plus étrange dans cette histoire est que le Concile n'a pas fait partir les chrétiens "sociologiques" des églises à l'étranger, c'est très franco-français tout ça.

Alors, je me pose la question: est-ce qu'en fait le terme "chrétiens sociologiques" ne définit non pas des gens avec peu de foi qui iraient par habitude à l'Eglise, mais des chrétiens qui ne croient pas de la bonne façon selon certains ? Des gens qui avaient une foi simple, pas une foi d'intellectuels ?

Nous sommes tous appelés à la sainteté, les grands comme les petits, les gros comme les maigres, les malades comme les bien portants, et j'y arrive, les "intellectuels" comme les "manuels". C'est ce qui fait la grandeur du christianisme par rapport au monde, où seuls les plus intelligents et les plus malins s'en sortent, quelque soit le système politique (libéral, socialiste ou autre).

Il est important que le plus grand nombre soient chrétiens, et que, pour cela, nous proposions la foi d'une façon simple et claire, avec possibilité, pour ceux qui le désirent, d'approfondir.

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