vendredi, janvier 19, 2007

Des prêtres, religieux et religieuses, des pasteurs, honorés comme « Justes »

ROME, Jeudi 18 janvier 2007 (ZENIT.org) – Des prêtres, religieux et religieuses, des pasteurs, honorés comme « Justes », mais aussi des « laïcs » catholiques : Hommage de la Nation aux Justes de France. Nous avons repris seulement quelques exemples, certains cités par le président de la République française.

Lors de la célébration de ce jeudi 18 janvier à Paris, au Panthéon, en présence du président de la République, M. Jacques Chirac, la France a en effet rendu hommage aux « Justes parmi les Nations » de France qui ont sauvé des juifs pendant la seconde guerre mondiale, en dépit de la terreur nazie.

Aujourd’hui le site de Yad Vashem indique la reconnaissance de 2725 Justes reconnus en France sur les 21308 honorés en Europe (cf. yadvashem.org).

On connaît le nom et l’action de l’archevêque de Toulouse, Mgr Jules-Gérard Saliège, qui a notamment protesté auprès du gouvernement de Vichy contre le sort réservé aux juifs, et agi concrètement pour sauver des vies, avec son auxiliaire, Mgr de Courrèges. Son « courage » a été mentionné par le président de la République, qui a souligné l’action de l’évêque dans ses lettres pastorales décisive pour la prise de conscience des catholiques.

Un autre évêque du sud-ouest a également été reconnu « Juste », Mgr Pierre-Marie Théas, archevêque de Montauban, qui a notamment abrité à l’évêché des organisations de sauvetage des juifs.

Mgr Gabriel Piguet, évêque de Clermont pendant la guerre, a également été reconnu comme « juste » (cf. Zenit du 22 juin 2001).

Mgr Gabriel Piguet, reste le seul évêque français à avoir été déporté par les nazis de 1944 à 1945. Un livre intitulé: "Monseigneur Piguet, un évêque discuté", écrit par un prêtre de Clermont, le P. Martin Randanne et Marc-Alexis Roquejoffre, est préfacé par Mgr Hippolyte Simon, évêque de Clermont. Le livre contient des récits, des documents témoignant de l'engagement particulier de l'évêque envers ses contemporains de confession juive ou de résistants recherchés par la gestapo

Le 28 mai 1944, l'évêque est arrêté. Il quitte son diocèse pratiquement seul. Il reviendra sous les applaudissements. Une lettre écrite par Mgr Piguet, le 10 octobre 1943 témoigne de la protection qu'accorda l'évêque à un prêtre réfugié. Après dénonciation, Mgr Piguet fut arrêté par la gestapo qui, par contre, n'a jamais soupçonné Mgr Piguet d'avoir aidé les Juifs.

Agnès Varda, dans son film d’hommage aux Justes, présenté au Panthéon, mentionnait aussi un autre « Juste » de France, le P. Pierre Chaillet. La parution du premier numéro de Témoignage chrétien, une revue publiée par lui dans la résistance, date du 16 novembre 1941. Dans les quatorze numéros qu’il publiera jusqu’en août 1944, il exhorte à la résistance et met en avant l’idée que la lutte contre le nazisme fait partie de l’idéal chrétien :
«(...) en tant que chrétiens, nous ne nous plaçons absolument pas sur le même plan que ceux qui ne voient dans Hitler que le "boche" représentant l'ennemi héréditaire ou encore le faux socialiste. (...) En tant que chrétiens nous sommes actuellement en lutte contre le nazisme.»
Dans le cadre de l’association de résistance qu’il a créée : « Amitié Chrétienne », il sauve des dizaines de vies juives en fournissant faux papiers, lieux de refuge, tickets de rationnement. Il participe également à l’évacuation d’enfants Juifs vers l’Espagne et la Suisse. Yad Vashem lui a décerné le titre de Juste parmi les Nations.

Le président de la République mentionnait également dans son discours les religieuses catholiques et ces « curés savoyards » devenus « passeurs » pour sauver des vies.

Un religieux capucin français, le Fr Marie-Benoît, aida des centaines de juifs à gagner la Suisse et l'Espagne à partir du sud de la France. Traqué par la gestapo, il s'enfuit à Rome où il poursuivit son travail de sauveteur depuis son bureau au collège des Capucins, en coordination avec la principale organisation sociale juive (Delasem). Personnage légendaire, il fut surnommé le "père des juifs" par ceux qu'il sauva.

Mère Marie Skobtzova, une révolutionnaire russe devenue religieuse, résidait à Paris. Elle souffrit le martyr dans le camp de concentration de Ravensbruck pour avoir dirigé un réseau d'aide aux juifs dans la région parisienne.

Il faudrait aussi citer le P. Jean Fleury, qui, même après la guerre, président du Comité des Oeuvres Sociales de la Résistance, et qui continua d’aider les survivants.

Parmi les exemples protestants les plus connus, la communauté du Chambon-sur-Lignon abrita des milliers de juifs pendant une longue durée et en aida certains à se rendre en Suisse. Cette histoire a inspiré le film diffusé le 18 janvier sur France 3: « La colline aux mille enfants ». Le pasteur André Trocmé et sa femme, Magda, ont été déclaré « Justes » en 1971.

Il faudrait également citer le pasteur Jean Séverin Lemaire, de Marseille, bibliste.

Pour ce qui est des autres Nations, des prêtres catholiques ou des membres de communautés religieuses, en Belgique, en Italie, en Pologne, etc., des couvents ont abrité des juifs au péril de leur vie.

A Rome, par exemple, Pie XII avait donné l’extraterritorialité aux couvents, comme celui des Soeurs de Notre-Dame de Sion qui ont hébergé des femmes juives dans leur couvent, sous l’habit religieux, et les hommes dans le jardin, dans leur serre, ainsi que des enfants. L’Etat d’Israël a décoré les supérieures de l’époque, à titre posthume (Zenit du 4 février 1999).

Sr Virginie Badetti et Sr Emilia Benedetti, religieuses de Notre-Dame de Sion, ont en effet été inscrites comme " Justes parmi les Nations " pour avoir sauvé 187 Juifs de la déportation, à Rome, pendant l'occupation nazie. Le 4 février 1999, l'ambassadeur d'Israël à Rome, M. Yehuda Millo, a remis les médailles décernées aux deux religieuses à la Supérieure générale, Sr Mechtild Wahle, allemande, en présence de nombreuses personnalités juives et catholiques, et en particulier, une douzaine de personnes Juives, qui ont profité de l'hospitalité inconditionnelle des Religieuses de Sion, à Rome, sur la colline du Janicule.

Neuf jésuites ont été déclarés « Justes ». Le Conseil de Jérusalem pour la sauvegarde de la mémoire des Martyrs et des Héros de l'Holocauste a en particulier conféré le titre officiel de Juste parmi les Nations au Père Adam Sztark, S.J. (1907-1942).

Le P. Sztark a été directeur du Sanctuaire marial de Zyrowice et aumônier de l'Hôpital de Slonim (Biélorussie). Il mit sa vie en danger pour assurer un refuge à des enfants et à des adultes juifs. Pour pénétrer dans une prison et y administrer les sacrements, il se déguisait parfois en policier. Arrêté en 1942, il fut exécuté le 19 décembre de la même année.

Le nom du P. Sztark figure sur la liste des Justes parmi les Nations à côté du nom de huit autres jésuites, cinq français, un hongrois et deux belges, dont le P. John B. Janssens (1889-1964), vingt-septième Général de la Compagnie de Jésus.

Enfin, des laïcs, chrétiens ou non, ont participé au sauvetage. La cause de béatification d’un policier italien catholique, Giovanni Palatucci, questeur à Fiume, a été introduite à Rome. Il est mort à Dachau après avoir sauvé des milliers de vies en particulier en collaboration avec son oncle, évêque dans le sud de l’Italie. Policier de Fiume, il a chargé de tenir les registres des immigrés et des réfugiés, leur fournissait de vrais papiers, sous de fauses identités et entretenait un savant désordre dans les fiches qu’il était censé tenir à jour. Il a été déclaré « Juste » en 1990.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Très bon article Mickaël qui mériterait d'être largement diffusé car depuis l'ignoble pièce "Le Vicaire" on essaye de faire accroire que les catholiques, au mieux se fichaient des juifs, au pire étaient complices des persécutions. Je voudrais simplement ajouter qu'il y a eu beaucoup de religieux qui ont aidé des juifs et qui ne sont pas justes pour autant. J'en connais.

Mickaël a dit…

Nous avons tout un travail d'information à faire car la désinformation qui a lieu depuis 40-50 ans a fait beaucoup de dégâts.

Cet article est très intéressant mais il nous en faut davantage comme cela.

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