dimanche, septembre 03, 2006

L'esprit des "Lumières"

Ce texte de publicité écrit par le Grand Maître du Grand Orient de France (respectivement GM et GODF pour les intimes) m'inspire quelques réflexions.

L'article s'intitule "Dans notre pays, le débat public doit renouer avec l'esprit des Lumières".
Tout un programme.

En français, nous parlons des Lumières. De Lumière, nous autres catholiques, nous n'en connaissons qu'une: celui qui est "Lumière né de la Lumière", c'est à dire Notre Seigneur Jésus-Christ. Il est remarquable de voir qu'en France, pays avec une orientation laïciste depuis la Révolution, on parle de Lumières, c'est à dire qu'un certain nombre de personnes sont mises au même niveau que Dieu, alors que le monde anglo-saxon, qui n'a pas cette orientation, parle plus modestement d'Enlightenment, c'est à dire d'éclaircissement, d'instruction. Différentes appréciations d'une même époque.

Et ces Lumières, quand auraient-elles luis? A notre époque où le débat démocratique est de mise ? Non. Au XIXème siècle, après la Révolution française, qui a libéré la Nation de l'oppression du pouvoir royal ? Que nenni ! C'est au XVIIIème siècle, sous les règnes de Louis XV et Louis XVI, que les penseurs tels Voltaire, Rousseau, Diderot et consort on put s'exprimer, écrire, polémiquer, en prenant quelques précautions de temps en temps, mais pas trop quand même. Comme dictature, on a connu pire.

C'est bien d'être GM du GODF, car on peut écrire des choses telles que:
La maçonnerie est un projet qui s'inscrit parfaitement dans la modernité, mais qui ne doit pas s'adapter à la modernité, car elle risquerait alors de s'affadir et de s'affaiblir
sans que personne ne s'offusque.

Pour bien comprendre, remplaçons "maçonnerie" par "Eglise":
L'Eglise est un projet qui s'inscrit parfaitement dans la modernité, mais qui ne doit pas s'adapter à la modernité, car elle risquerait alors de s'affadir et de s'affaiblir
On connait les cris d'orfraie qui répondent à une telle affirmation.

Il nous apprend aussi que:
Le Grand Orient est sans doute aujourd'hui l'un des rares endroits où peuvent s'exprimer le cosmopolitisme des idées et des êtres, l'idée républicaine et laïque, l'universalisme de l'humanisme.

Tout ceci s'exprime librement dans la société française. Il est donc difficile de voir ce que GODF apporte de plus.

Le leitmotiv qui revient dans ce texte, c'est bien sûr la séparation de l'Eglise et de l'Etat. La formulation renvoie à la IIIème République, et ne semble pas adaptée à la société française moderne. Il y a en effet en France plusieurs religions, mais l'important pour le GODF est de séparer l'Eglise de l'Etat. L'Eglise catholique est séparée de l'Etat depuis longtemps, mais réclamer sans cesse cette séparation confine à l'acharnement contre une religion particulière, ce qui n'est pas en accord avec la liberté absolue de conscience que met en avant le GODF. A moins que le GODF en ait une autre interprétation que celle du sens commun.

Liant les "Lumières" avec la Franc-maçonnerie, comme le fait ce texte, on pourrait donc penser que l'esprit des Lumières et cette liberté absolue de conscience, ont régné sur notre beau pays quand la franc-maçonnerie avait le pouvoir.
Par exemple, sous la IIIème République (1871-1940). Et bien, savez-vous que de 1879 à 1914, les catholiques étaient exclus du gouvernement de la France, alors que le pays était très majoritairement catholique. Liberté absolue de conscience, dites-vous ?
Et n'oublions pas le fameux anticléricalisme acharné qui sévissait à l'époque, alors que l'immense majorité du peuple encore une fois était catholique. (source: Historiquement correct, de Jean Sevilla)
Est-ce une façon de mettre en application le fameux principe de liberté absolue de conscience ?

Alors, le débat publique doit-il renouer avec l'Esprit des Lumières ? Non. L'esprit des Lumières a vécu, dans un temps et un lieu bien défini: la France du XVIIIème siècle, avec des séquelles jusqu'au début du XXème siècle. Cet esprit n'a pas forcément été équitable avec tous, particulièrement les catholiques, comme cela vient d'être montré. Nous sommes au début du XXIème siècle, il faut évoluer.
Le débat doit être démocratique, c'est juste et bien suffisant.

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